Anti ou pro-Tarantino ?

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VERTVERONESE

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Anti ou pro-Tarantino ?

Message par VERTVERONESE »

Bonjour à tous et bienvenus sur cette discussion un peu particulière !

A force d’affûter ma culture cinématographique et de discuter avec de nombreuses personnes, toutes plus passionnées les unes que les autres, j'ai constaté une certaine division sur la question "Tarantino".
En effet, ce réalisateur semble être de plus en plus sujet à polémique, et j'ai l'impression que deux camps se forment dans les rangs des cinéphiles : les "pro" et les "anti", les premiers le défendant avec ferveur -voire mauvaise foi par moment- jusqu'à le qualifier de "génie" qui ne saurait commettre une seule erreur et les seconds le descendant à la moindre occasion, critiquant l'intégralité de sa filmographie, sans exception.
Or, je pense que dans son cinéma, comme chez beaucoup d'autres réalisateurs, il y a du très bon, comme du très mauvais. Par exemple, j'ai apprécié Pulp Fiction, j'ai adoré Reservoir Dogs, Inglorious Basterds et Django, mais j'ai détesté Kill Bill et ai été déçue par Les Huit Salopards... Mais j'ai toujours cherché à comprendre pourquoi j'avais apprécié ou non telle ou telle oeuvre et à justifier mon point de vue, pour justement ne pas me catégoriser dans un de ces camps.

C'est suite à tout cela que j'ai choisi de lancer cette discussion, parce que vos avis aguerris m'intéressent ! Peut-être qu'à nous tous nous réussirons à dénouer ce phénomène que je trouve de plus en plus marqué depuis son dernier long-métrage.

Alors allons-y, le débat est ouvert !

J'attends vos avis avec impatience :)
athalia

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Re: Anti ou pro-Tarantino ?

Message par athalia »

En lisant ton message je me suis rendue compte que je rentrais pas mal dans la catégorie "pro Tarantino qui le soutient jusqu'à la mort" doooonc... je vais essayer de modérer mes propos. ^^
Je trouve que ce réalisateur a quelque chose d'indéfinissable, un univers bien à lui où il ose aller au bout de ses idées, même quand elles sont risquées. Par exemple, ces longs passages où il met en scène des discussions qui s'éternisent sur un sujet complètement en-dehors de l'intrigue, où le spectateur pourrait très vite s'ennuyer... elles sont assumées. Même chose pour les plans sur des pieds féminins, son grand fantasme, pour les effusions d'hémoglobine théâtraux ou ses modifications intempestives de l'Histoire.
J'ai été plongée dans ses films très jeune et je n'ai pas décroché depuis. Les seuls qui ne m'ont pas convaincu sont Jackie Brown que j'ai franchement détesté, et Les 8 Salopards que j'ai trouvé un peu long, même si je l'ai apprécié au final.
Eparm12

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Re: Anti ou pro-Tarantino ?

Message par Eparm12 »

Hello! :D

Tout d'abord, je te remercie pour l'ouverture de ce topic, qui me parait très intéressante et dont le sujet est excellent. Encore merci. ;)

Ensuite, j'ai bien lu ton point de vue, sachant que je l'approuve, et ce que tu attendais de tous ceux te présentant par la suite ce qu'ils pensent de Tarantino, et je te préviens d'ores et déjà que je risque d'être peu concise dans le développement de ma pensée, puisses-tu me le pardonner. :roll:

Tout d'abord, je trouve idiot le fait que les fans se montrent de plus en plus incontrôlés et peu lucides somme toute lorsque l'on ose émettre la moindre critique à propos de leur "idole". Je sais et je le comprends parce que je l'ai déjà ressenti, que ce n'est jamais agréable d'entendre des avis négatifs sur ce que l'on aime et que l'on soit prêt à tout pour les contrer et défendre notre opinion, mais il y a une manière de le faire, car hurler sur les autres qu'il s'agit uniquement de génie est faire de preuve de mauvaise foi, n'est pas ainsi que l'on risque de convaincre si l'on tente de s'imposer sans laisser aux autres une chance de s'exprimer et d'argumenter. Cela est à prendre dans le sens inverse également : quel est l'intérêt de cracher sur l'intégralité du travail d'un réalisateur? Il est possible de n'aimer aucun de ses films, ce qui est valable pour Steven Soderbergh de mon côté, mais très peu d'entre eux demeurent éternellement mauvais. Leur cinéma évolue à tous les niveaux, alors je considère que se positionner aux extrêmes, l'un comme l'autre, est une mauvaise chose, car cela ferme le débat et d'une, et prône le manichéisme de deux, alors que toute chose se veut nuancée, en d'autres termes plus ou moins grise. Bref, que ce soit le blanc ou le noir qui domine, je n'en veux pas, même si j'avais tendance à penser ainsi il y a quelques années. :lol: Ma mentalité a évolué elle aussi depuis, et je pense pour le mieux, car cela m'a permis d'ouvrir mon esprit et de découvrir de nouveaux horizons. Petit exemple : pour ma part, je suis une fangirl de Johnny Depp depuis plus de neuf ans maintenant, et cela ne m'empêche pas de reconnaître que ses derniers films, bien qu'ils soient bien faits et dans l'ensemble satisfaisants, ne sont pas tous bons ; il y en a même certains dans lesquels il a joué que je n'ai pas forcément aimés.
Maintenant que j'ai raconté ma vie, je vais peut-être enfin participer au débat nouvellement ouvert. :mrgreen:

Pour le cas "Tarantino" : je préfère être claire dès le départ, mais j'aime beaucoup ce réalisateur. Mieux que ça, je l'adore et j'ai vu beaucoup de ses films, pour ne pas dire leur quasi-totalité. J'aime son style décalé, bavard, sanglant et j'en passe. Car Tarantino, avant tout, c'est quoi? Ce gars est un boulimique du cinéma et veut rendre hommage au Septième Art par tous les moyens au travers de ses propres films. Alors il s'attaque à tous les genres, les remanie et les mélange en y apposant son style, et en y casant des tas de références cinématographiques ; par ailleurs, il vaut mieux avoir de solides bases si l'on veut pouvoir toutes les repérer, notamment dans Pulp Fiction et surtout Django Unchained, où l'on jubile lors de la scène où Franco Nero, l'interprète du premier Django réalisé par Sergio Corbucci, demande son nom au second Django. Donc l'image que je me fais de Tarantino depuis toujours est qu'il s'agit d'un gamin qui fait joue-joue avec sa caméra et ne la lâche plus quand il la saisit pour réaliser ses films, avec en prime cette touche cynique d'humour noir dont il ne manque jamais de les pimenter. (Sa recette fétiche.)
Passés ces aspects du bonhomme, si l'on ne prend en compte que ses films en eux-mêmes, ils sont souvent très bons, voire excellents sur le plan technique : sa réalisation est millimétrée, l'esthétique léchée et époustouflante (notamment dans Kill Bill), les bandes-sons légendaires (ici clignote l'incontournable de Pulp Fiction), sa narration non-linéaire, ses dialogues parfaitement écrits et ses acteurs constamment parfaits qu'il dirige avec professionnalisme. Sans oublier ses caméos, ces clins d'œil qu'il se fait et à son public, comme dans Reservoir Dogs, entre autres. En résumé, il prend le temps de réaliser ses films et cela se sent, car tout le travail qu’il a effectué en amont transparait à l’écran. Ce qui en résulte des films cultes et on comprend le pourquoi du comment.

Seulement voilà, si j’adore Tarantino, je lui reproche tout de même son côté excessif : certaines scènes dans ses films (#Django) sont du pur délire et partent dans tous les sens avec à la clef des déferlantes d’hémoglobine. Pas que cela me gêne en soi, mais il y en a qui n’apprécie pas la violence gratuite qu’il peut mettre en scène et montrer de manière ostensible à ses spectateurs. Ce point n’est pas réellement celui que je lui reproche frontalement, parce que ce que je lui reproche dépasse ce cadre : je lui reproche son excessivité par rapport au fait qu’il mélange sans cesse des genres, y inclue des références plus ou moins subtiles, etc… Le problème étant que ses films sont surchargés et se perdent parfois dans tout ce gloubi-boulga de choses ambitieuses mais mal exécutées de mon point de vue.
L’exemple le plus parlant en est Reservoir Dogs, un film de Tarantino que j’aime bien, mais aime le moins dans toute sa filmographie pour l’instant. Comme je l’écris déjà dans mon commentaire sur ce film : "parce que Tarantino est un amoureux boulimique du Septième Art et qu’il souhaite lui rendre hommage par tous les moyens au travers de références toutes plus énormes les unes que les autres casées dans ses films, démarche tout à fait honorable. Sauf qu’à trop vouloir en faire et mélanger les genres tout en y apposant sa patte caractéristique dessert l’ensemble en le surchargeant et l’étouffant. Le film se veut être avant tout un thriller, plus précisément un huis-clos entre gangsters, donc une réduction de l’évolution mobile dans l’espace, sans oublier cet aspect cliché de braquage, mais aussi un truc hybride, original et décalé, assumé, acerbe et d’une ironie mordante. Le problème étant que j’attendais un thriller, et non pas ce gloubi-boulga presqu'indigeste de tant de choses à la fois. Si j’ai bien ri devant Reservoir Dogs, pas une once de suspens ne parvient à faire monter la tension alors inexistante car effacée au profit de répliques tordantes. Ce n’est pas que c’est mal fait parce que ça ne l’est strictement pas, c’est juste que le thriller que je m’apprêtais à regarder ne m’est apparu que par bribes, assimilées à quelques scènes bien menées au climax intense jusqu’à ce qu’un élément, de préférence verbal, vienne briser cet effort de montée en puissance et nous ramener au point de départ."
Et Si Kill Bill est un très bon film, il n'est pas excellent en matière d'arts martiaux, et si Django Unchained est également un très bon film, il ne peut pas être considéré comme un excellent western non plus. De plus, les thématiques que Tarantino traite sont parfois survolées et s'avèrent superficielles, comme celle abordant l'esclavage dans Django.

Enfin, beaucoup disent que Tarantino est prétentieux et c’est vrai, ce gars est prétentieux mais rappelez-vous, il s’agit d’un gosse de cinquante-deux piges, et qui n’est pas prétentieux à cet âge? ;)

Pour conclure, je penche du côté pro-Tarantino tout en demeurant modérée, parce que je ne pense pas que ce réalisateur soit le meilleur que je connaisse. De toute façon, je lui préfère les Frères Coen, parmi d'autres. 8-)

Si je devais établir un classement de ses films (par ordre de préférence) :
1. Pulp Fiction
2. Kill Bill [Volume 1]
3. Django Unchained
4. Jackie Brown (bien que je ne m’en souvienne plus trop)
5. Reservoir Dogs.

En espérant t'avoir été utile. :)
VERTVERONESE

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Re: Anti ou pro-Tarantino ?

Message par VERTVERONESE »

Eh bien ! Je ne m'attendais pas à tant d'engouement de votre part quant à ce topic, mais j'en suis ravie ! :D

A mon tour à présent d'entrer dans le débat, puisque je n'ai fait que l'introduire jusqu'à présent.

Alors... Pour vous répondre de manière assez direct, je pense être le parfait exemple de "l'entre-deux". Je m'explique : comme je l'ai lancé entendre dans ma première intervention, j'ai aimé (voire adoré) certains de ses films, mais en ai détesté quelques uns. Voici ceux que j'ai visionné pour l'instant, classé en j'aime/oui mais.../j'aime pas, histoire que vous voyez à peu près à quoi je me réfère :

Inglorious Basterds, Reservoir Dogs, Django/Pulp Fiction, les Huit salopards/Kill Bill vol. 1

Je vous entends déjà hurler à l'infamie, mais laissez moi expliquer ce classement ;)

J'ai découvert le cinéma de Tarantino au lycée, en 1ere. C'est à peu près la période à laquelle je me suis sérieusement intéressée au cinéma, cherchant donc à me constituer une culture plus solide pour émettre des avis plus pertinents. J'ai donc commencé par Inglorious, et j'ai tout simplement A-DO-RE ! C'était nouveau, sanguinolent, plein de piquant au niveau des dialogues, bref c'était jouissif. J'ai donc commencé à estimer le cinéma de Tarantino à partir de là, me disant qu'il avait vraiment quelque chose ce monsieur. J'ai enchaîné avec Pulp Fiction, que j'ai trouvé bon aussi mais un peu trop décousu pour le considérer comme très réussi (j'ai eu l'impression de regarder plusieurs films, ce qui m'a fait perdre le fil originel de l'intrigue à tel point que je suis incapable de le raconter en entier). Cependant je garde un souvenir mémorable des interventions de Travolta et S.L. Jackson, surtout le coup du "Si tu t'étais lavé les mains correctement ta serviette ne ressemblerait pas à un tampax". Bref, culte, mais décousu. J'ai enchaîné avec Django, qu'il m'était impossible de détester rien que pour le casting (et c'est là qu'on se rend compte que le fangirling nous fait perdre toute objectivité x)). Quelques temps plus tard je me suis lancé dans Reservoir Dogs, où le côté "blabla inutile mais badass" m'a vraiment "fait kiffer". J'ai aimé ses personnages complètement barrés jusqu'à l'incohérence, et encore une fois c'était jouissif. Bref, ça c'est ce que j'ai vraiment adoré, ou presque adoré, dans son cinéma.

Mais... J'ai eu la malchance de visionner Kill Bill (vol. 1 seulement, j'ai préféré ne pas faire durer le massacre), et c'est là que vous aller sans doute hurler.
Bon, autant ne pas y aller par quatre chemins, je l'ai vraiment détesté. Ce n'est pas du tout de la mauvaise foi, comme certains "anti" pourraient le faire en disant que parce que c'est du Tarantino, même si c'est culte, c'est forcément nul. Au contraire, je partais du principe que, si j'ai aimé ses autres films, tous cultes à leur manière, j'allais apprécier celui-ci, considérer par tous comme son chef-d'oeuvre. Mais j'ai été... Déçue.
Je vais être très virulente je pense, mais je ne comprends tout simplement pas comment un réalisateur peut se moquer à ce point de ses spectateurs. Je m'explique avant que vous ne me condamniez au bûcher : ce film est tout simplement prétentieux. Je n'ai jamais vu un film aussi long et aussi peu développé dans son intrigue (plus de 2h de film pour 2 morts sur 5... Bon). J'ai trouvé le florilège d'effets visuels beaucoup trop présent, bien que judicieux, comme si Tarantino disait à ceux qui le visionnent "Vous avez vu, je suis fort hein ? Je suis original, n'est-ce pas ?". Ca en devient insupportable et ça gâche le plaisir qu'on avait en découvrant cet effet, parce que trop utilisé ou trop longtemps (je pense notamment à la scène où on nous raconte le passé d'O-Ren Ishii il me semble, le tout en version anime, c'était vraiment très judicieux, mais la scène en est tellement longue que ça m'a fait décrocher). N'allez pas dire que j'estime ce film comme "raté", au contraire, je lui ai trouvé de nombreux point positifs (une photographie assez vintage et pétillante qui m'a bien plu, de nombreux effets visuels originaux, une BO excellente,...). Mais, les points négatifs que j'y ai relevé m'ont gâché le plaisir et m'ont même dissuadée de voir la suite.
Je vais essayer de résumer tout ça pour clarifier les choses : contrairement à dans ses autres films, j'ai vraiment beaucoup trop senti la présence de Tarantino. J'ai eu l'impression qu'il n'avait fait ce film que pour son bon plaisir, se défiant lui-même de faire plus long, plus badass, plus original, le tout aboutissant à quelque chose de beaucoup trop fourni et prétentieux. En le regardant, j'ai eu presque l'impression d'être une intruse tellement Tarantino n'a pensé qu'à lui dans ce film, et j'ai trouvé cela vraiment déplacé. Le spectateur n'a aucunement sa place dans son film, et c'est tout bonnement impensable à mon sens, parce que sans spectateur, le cinéma n'aurait aucun intérêt, à part faire plaisir à l'ego du réalisateur lui-même, qui s'est amusé et n'a "pensé qu'à sa gueule", comme c'est le cas ici. Eparm12, tu parlais de Tarantino comme d'un gamin qui joue avec la caméra, et c'est exactement comme ça que je le vois, et quelque part c'est ce qui fait que ses films sont bons et jouissifs comme je le disais, parce que son amusement est communicatif et on sait qu'il aime son travail et ses oeuvres. Mais dans Kill Bill il n'y en a que pour lui, et c'est pour ça que je refuse de le reconnaître comme un chef d'oeuvre parce qu'à mon sens ce n'est pas un film à proprement parler, étant donné qu'il ne l'a fait que pour lui-même.
Et malheureusement, j'ai ressenti à peu près la même chose dans les Huit Salopards, ce qui fait que je ne l'ai pas non plus réellement apprécié. On y tourne en rond sans cesse, il n'y aucune réelle tension (comme il est censé en avoir dans huit-clos), bien que j'ai apprécié certains retournements scénaristiques et que, encore une fois, le casting était vraiment excellent. On sent qu'il s'est éclaté comme un fou à le réaliser, mais on en devient exclu.

Voilà donc pourquoi je suis l'exemple type de "l'entre-deux" comme je le disais en tout début de ce post : j'aime son cinéma, j'aime son style, et en même temps je ne l'apprécie pas parce que trop égoïste.
Je ne conteste pas que c'est un des réalisateurs les plus talentueux de notre génération, mais je pense que le succès a tellement fait fleurir son ego qu'il en vient à ne penser que pour et par lui dans son travail, ce qui détruit en fin de compte paradoxalement l'esprit de son cinéma mais aussi du cinéma en général, où le but d'un long-métrage est d'impliquer le spectateur.
Créer est un métier, mais visionner aussi.

Et je suis d'accord avec toi Eparm12, j'ai découvert il y a peu le cinéma des Coen mais je m'y identifie beaucoup mieux. Et quelque part, ils ont encore plus d'impact sur mon ressenti.

Je finirais en abordant la question du fangirling (le débat s'élargit, et c'est ça qui est cool !). Je pense qu'effectivement c'est quelque chose d'essentiel et par la même de nocif au cinéma. C'est comme pour le bouche à oreille : on se fait une réputation au sein des érudits, mais on ne parle que de ceux qui entrent dans ce réseau. En somme, beaucoup de réalisateurs et acteurs tous plus talentueux les uns que les autres sont laissés sur le banc de touche du moment où ils ne peuvent s'offrir de grandes têtes d'affiche. C'est comme ça que les blockbusters entrent en pleine expansion, c'est parce qu'ils affichent des gens connus, dont tout le monde parle, et rien que pour ça ils sont sûrs de faire des entrées. A l'inverse, lorsqu'un acteur ou un réalisateur connu se permet de soutenir un projet plus modeste, cela promet une meilleure publicité à ce petit film sans doute prometteur.
Je ne nie pas pourtant que, comme beaucoup j'ai mes favoris aussi bien en réa qu'en acteurs, mais je m'efforce de voir leurs films et de m'intéresser de plus en plus à des films moins diffusés... Et j'ai la chance d'avoir des acteurs favoris qui aiment les petits projets, alors ça je joins l'utile à l'agréable x)
BREF pour conclure je pense qu'il faut avoir ses favoris, mais ne pas avoir peur de tenter des choses nouvelles ;)

Voilà voilà pour mon point de vue plus en détails !

Bonne journée à vous ♥
Reynsla

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Re: Anti ou pro-Tarantino ?

Message par Reynsla »

Bonjour, je viens réagir aussi sur ce topic. :D

Personnellement, je ne me considère pour aucun réalisateur pro ou anti, même si avec certains, je n’accroche pas, et pour d’autres, je ne suis jamais déçue.
Tarantino fait partie de cette seconde catégorie.
VERTVERONESE a écrit : Tarantino comme d'un gamin qui joue avec la caméra, et c'est exactement comme ça que je le vois, et quelque part c'est ce qui fait que ses films sont bons et jouissifs comme je le disais, parce que son amusement est communicatif et on sait qu'il aime son travail et ses oeuvres. Mais dans Kill Bill il n'y en a que pour lui, et c'est pour ça que je refuse de le reconnaître comme un chef d'oeuvre parce qu'à mon sens ce n'est pas un film à proprement parler, étant donné qu'il ne l'a fait que pour lui-même.
Justement, c’est pour ça que j’ai tendance à adorer son cinéma.

Avec Tarantino, je ressens son amour pour le cinéma. Comme tu l’as dit, il est communicatif. Ça reste bien sûr subjectif, d’autres n’accrocheront pas, mais il joue, il s’amuse, avec la musique, les dialogues, les scènes d’action violentes et hautement esthétiques, l’humour noir, sa narration non linéaire, ses références distillées partout. Et si c’est pour lui, tant mieux : à mon sens, un artiste qui vit de sa passion doit commencer par se faire plaisir. Sinon, ça n’a pas de sens.

Après, par rapport à Kill Bill, c’est ton ressenti, et je le respecte (Personnellement, c’est mon Tarantino préféré car je le trouve tellement jouissif). Mais à aucun moment, je me suis sentie écartée du film (au contraire, j’aurais tendance à dire que Tarantino cherche à créer une complicité avec le spectateur). La sauce a totalement pris chez moi : jubilatoire et virtuose, le film m’a tout de suite captivé avec ses choix artistiques fabuleux. Pour moi, Tarantino enflamme sa pellicule avec Kill Bill.
De même pour les Huit Salopards que j’ai adoré. Contrairement à toi, j’ai totalement ressenti la tension montée jusqu’à qu’elle atteigne son paroxysme à la fin, dans ce déferlement d’hémoglobine.

Mais ça reste une affaire de ressenti. Je ne prétends pas être objective dans le sens où chacun perçoit les choses de différentes manières.

Ensuite, Eparm12, tu abordes son côté excessif, le fait qu’il aime tout mélanger. Perso, c’est justement ce que j’aime chez lui. Il ne s’enferme pas dans des carcans ou dans des codes. Au contraire, il joue avec et je trouve qu’il réussit plutôt bien.
Eparm12 a écrit : Et Si Kill Bill est un très bon film, il n'est pas excellent en matière d'arts martiaux, et si Django Unchained est également un très bon film, il ne peut pas être considéré comme un excellent western non plus.
C’est là où je suis moins d’accord : Kill Bill n’est pas qu’un film d’art martiaux, Django Unchained n’est pas non plus qu’un western, ils ne peuvent donc pas être les meilleurs dans leur catégorie, étant donné qu’ils jouent sur plusieurs tableaux.
Et si tu as été un peu déçu par Reservoirs Dogs parce que tu t’attendais à voir un pur thriller, c’est parce que justement, Tarantino le fait à sa manière. Ce « tant de chose à la fois », pour moi, c’est du Tarantino. Bien sûr, ce n’est pas parce qu’il le fait à sa manière, que c’est forcément génial. Si tu estimes que ce n’était pas harmonieux, c’est tout à fait ton droit. Je pense seulement que Tarantino ne s’enferme jamais dans un genre. Du moins, c'est comme ça que je vois les choses.

Enfin, concernant sa réputation de prétentieux, je ne me prononcerai pas. J’avoue que je ne fais guère attention à ce qu’il fait ou dit dans des interviews. De toute façon, dans le monde des stars, showbiz & co, tout a tendance à être interprété, décortiqué, je pense qu’il est bien souvent difficile de savoir à qui on a véritablement affaire. S’il est effectivement prétentieux, grand bien lui fasse, je le côtoie pas tous les jours. Tant qu’il me pond des films comme il sait si bien le faire, qu’il ne contribue pas à la déforestation, à la haine et à la cruauté dans le monde, ça me va.

En tous cas, même si j’utilise des termes assez élogieux, je ne me considère pas comme pro-quelque chose. J’aime son style. Il est vrai que jusqu’à présent, chaque film de lui m’a plu, que chaque séance s’est soldé par un sourire satisfait, voire d’un « Waouh » époustouflé. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne va pas me décevoir la prochaine fois… même si je reste confiante.

En revanche, je crois qu’il y a qu’une chose que je peux énoncer avec toute objectivité : Tarantino a indéniablement une identité visuelle et artistique. Après, ça plait ou ça ne plait pas.

P.S : Eparm12, je te rejoins sur le manichéisme. Je mène un combat constant contre ce fléau (hyperbole, coucou) qui prend bien souvent trop de raccourcis sur l’humain. Mais bon, ça, c’est un autre débat, qui n’a pas forcément quelque chose avoir avec le cinéma.

Et "en bonus" : Voici mon top également
1) Kill Bill
2) Pulp Fiction (dont l'affiche est accrochée à mon mur. Pas original, je sais. :lol: )
3) Les Huits Salopards
4) Reservoirs Dogs
5) Django Unchained
6) Inglourious Basterds
7) Kill Bill 2
8) Jackie Brown

Bonne journée ou bonne soirée, selon l'heure. :)
Eparm12

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Re: Anti ou pro-Tarantino ?

Message par Eparm12 »

Ow, que de réponses complètes, cela me fait grandement plaisir également. :D
Pour ne pas m'y perdre, je vais reprendre vos deux derniers messages point par point, donc de manière linéaire.

@VERTVERONESE : Tu as eu raison de le créer. ;)

Je te rejoins totalement sur le côté jouissif du cinéma de Tarantino. En revanche, tu ne m'as pas l'air très emballée par sa narration non-linéaire, que j'apprécie parce qu'elle s'avère originale et agrémente le dynamisme déjà très présent dans ses films, mais je suis d'accord quand tu dis que l'on peut s'y perdre et que le fait que l'histoire soit décousue peut en rebuter plus d'un, car ce mode de fonctionnement ne peut pas plaire à tout le monde. :) Haha, percée à jour, de qui es-tu la fangirl dans Django? Serait-ce l'un des trois acteurs principaux? Ou Samuel L. Jackson, que je vénère? :lol: Ta phrase "blabla inutile mais badass" résume parfaitement Reservoir Dogs! Même si ce film est pourvu d'autres choses un peu plus complexes tout de même.

Comme tu le précises, tu as parfaitement le droit d'aimer Kill Bill ou non, chacun ses goûts. ;)
Je te rejoins sur le fait que Tarantino est prétentieux ou du moins c'est l'image qu'il se donne au travers des médias et des cérémonies et festivals, mais c'est également cette vanité et cette irrévérence qui plaisent dans Kill Bill. Parce que Kill Bill est un film qui privilégie l'esthétique et non le scénario car comme tu le dis, il étire une ligne d'intrigue tenant sur un post-it sur plus de deux heures de film, mais la nuance est que Kill Bill a été annoncé de la sorte dès le départ. Il ne faut pas le regarder en ayant à l'esprit le fait que l'on s'attend à un scénario extraordinaire, parce que l'intérêt de Kill Bill n'y réside aucunement, mais bien au sein de son esthétique léchée et maniant plusieurs techniques de réalisation, de l'excellente bande-son (Bang Bang...) et de ses allures japonaises épiques pour lesquelles on marche voire on court si l'on s'y est laissé prendre dès le départ. Par conséquent, moi qui adore les films d'action et plus encore lorsqu'ils sont originaux, c'est-à-dire foisonnant d'inventivité au niveau du visuel, etc..., j'ai été servie! Parce que clairement, le scénario, Tarantino n'en a rien à faire plus d'une demi-seconde, au même titre que nous : ce qui l'éclate dans Kill Bill, sont bien les pieds d'Uma, son maniement du katana, la déferlante d'hémoglobine "gratuite" même si assez justifiée, et les scènes épiques, ce dont le film regorge.
Je suis d'accord aussi sur le fait que le réalisateur devrait prendre en compte son public mais tout l'intérêt de Tarantino repose sur le fait qu'il pense à lui également, peut-être trop, mais comme le précise OnlyLola plus bas, et je suis davantage de son avis, un réalisateur se doit également de réaliser ses films pour son plaisir et non pas s'axer sur les pensées des autres avant de le faire (Lars Von Trier n'hésite pas à déstabiliser et son équipe et ses spectateurs, ccl: ce gars est complètement fou mais je l'adore), même si être spectateur est tout un art et que l'on doit pouvoir trouver sa place dans les films que l'on visionne. :lol: Personnellement, je l'ai trouvée dans Kill Bill parce que j'adore purement et simplement le délire de Tarantino qu'il y met en scène et auquel je participe, mais je comprends parfaitement ton point de vue.
Je n'ai toujours pas vu Les Huit Salopards (shame on me), mais espère le regarder très bientôt!

Là, par contre, j'ai plus de réserve sur ce que tu dis parce que j'aime à croire -je ne suis pas dans sa tête, pas encore- qu'il pense quand même à ses fans et plus largement au public, parce qu'il sait pertinemment qu'il est apprécié et puis s'il aime se faire plaisir, il aime sans doute faire plaisir aux autres aussi avec son cinéma, du moins c'est ainsi que je le perçois. 8-)

Aaaah, excellent! J'adorerais disserter sur le fait que j'adore ces réalisateurs (ils font partie de mes préférés), mais on s'éloigne du sujet. :lol:

Parfait! Pas mal du tout, je me reconnais dans ce que tu dis. x)

@OnlyLola : Je vois parfaitement ce que tu veux dire et je suis d'accord, mais je reconnais qu'il y a des réalisateurs que j'adore et qui fait que je m'intéresse à leurs films sans que je me considère forcément "pro" les concernant, comme les Frères Coen dont je parle plus haut, Tim Burton, Danny Boyle ou encore Luc Besson, sans oublier Clint Eastwood, et il y en a d'autres que je n'aime pas mais sans pour autant les détester et renier tous leurs films (ex : Soderbergh, où te caaaches-tu?) Bref, il est certain que l'on apprécie plus ou moins certains réalisateurs que d'autres, ce qui est tout à fait normal. :)

Je suis entièrement d'accord avec toi, rien à ajouter.

RAS X2 à propos de Kill Bill. :lol:

Ce que tu dis est parfaitement juste et j'aurais tendance à prôner ce mélange des genres (il y a beaucoup de films "hybrides" que j'adore), mais j'ai parfois l'impression que Tarantino en fait trop et surcharge ses films au lieu de toujours les réaliser à sa sauce sans pour autant vouloir y caser absolument tout et n'importe quoi, l'exemple qui en est le plus parlant étant Django.
Là encore, c'est vrai et je le vois ainsi, mais je trouve dommage le fait qu'il ne se centre pas sur deux ou trois genres maximum parce que ses films peuvent s'avérer étouffants parfois et comme tu le dis, ne peuvent pas être les meilleurs dans leur catégorie parce que les aspects qu'ils abordent sont trop superficiels, ce qui peut leur faire perdre en qualité de traitement des thématiques, de mon point de vue. Justement, je trouve que c'est bien fait mais pas assez. Et il est clair que ce gars est inclassable et le plus gros troll de la terre par-dessus le marché, à l'image de Django, dont il faut ruser pour savoir ce que ce film est réellement! :lol:

Les médias grossissent absolument tout donc je suis d'accord. Haha, tu as raison!

Concernant ton dernier point avant le PS, je t'y rejoins, il est strictement impossible de le nier. Ca passe ou ça casse, car son style est excessivement marqué dans chacune de ses œuvres et ne peut laisser indifférent, étant à double-tranchant.

PS : je pense tout de même qu'il est important à souligner et je le combats moi aussi tous les jours (on peut monter une équipe pour l'exorciser, si tu veux), mais il a avoir avec le cinéma dans le sens où si le cinéma est lui-même ou provoque délibérément le manichéisme, alors il n'est pas assez ouvert et se ferme des portes, sachant qu'il touche à tout et tout le monde (je dis ça mais j'adooore les westerns : paradoxe, quand tu nous tiens :mrgreen: ).

Bonne journée, ou bonsoir!
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